Le collège de Saint-Lô a été le premier établissement à expérimenter les courants porteurs en ligne. « Concrètement, explique M.Thomas, responsable informatique du collège, Internet par les courants porteurs concernent trois ordinateurs : un poste fixe et deux postes mobiles, installés sur un chariot. Ainsi, lorsqu’un enseignant a besoin d’un ordinateur connecté pour un de ses cours, plus besoin de déménager la classe dans la salle informatique. Il déplace simplement le chariot dans la salle, le branche à la prise de courant et il est connecté. » Un système très simple qui apporte une plus grande souplesse d’utilisation du matériel informatique. Lorsqu’un enseignant n’a besoin d’un ordinateur que quelques minutes sur une heure de cours, c’est désormais possible. Mais ce système ne développe pas pour autant l’usage des NTIC puisque les élèves n’ont, dans ce cas, pas accès à l’ordinateur. Ils ne font que « consommer » ce que leur montre le professeur qui, avec un vidéoprojecteur, diffuse en grand format ce qui apparaît sur l’écran.
» Côté usages, poursuit-il, les enseignants restent peu nombreux à s’en servir, il s’agit principalement des professeurs de technologie, de biologie ou de physique, et il est encore difficile de parler d’une évolution des usages : au fond les ordinateurs servent à tout et pas uniquement (ni même beaucoup) à l’Internet. Et même pas beaucoup à l’Internet. Et même si petit à petit les enseignants s’y mettent, on ne peut pas encore parler d’une appropriation. »
Une constatation que fait aussi Philippe Legrand du conseil général de la Manche : « L’usage pédagogique n’est pas encore très significatif : les ordinateurs sont utilisés en moyenne 4 à 5 heures par semaine dans chacun des établissements. »
Pour M.Thomas, cette technologie est tout de même un « plus » puisqu’elle permet d’avoir accès à l’Internet depuis quasiment n’importe quel lieu de l’établissement sans avoir eu, au préalable, à câbler tous les bâtiments.
« En 1998, il y avait une réelle attente en matière d’accès aux NTIC dans les collèges, se souvient Philippe Legrand, responsable du projet au sein du conseil général de la Manche. Tout le monde parlait des NTIC à l’école mais la seule solution proposée était de tout câbler. Cela représentait un investissement énorme par rapport à la réalité des usages. Il fallait donc des solutions alternatives. En novembre 1998, nous avons proposé à EDF de faire une expérimentation d’Internet par courant porteurs. Ils avaient déjà commencé à travailler sur le sujet mais il a quand même fallut un an pour tout mettre en place. »
Les premiers tests ont eu lieu en février 2000. Le 2 mai 2000, le collège de Saint Lô était le premier à bénéficier de cette technologie, suivi par quatre autres collèges quelques mois plus tard.
Aujourd’hui, après un an d’expérimentation dans cinq collèges, le Conseil Général souhaite généraliser ce type d’accès, mais il manque un élément de taille pour cela : l’offre commerciale.
Mais un certain nombre de freins s’opposent aujourd’hui au déploiement de la technologie CPL. Réglementaires et techniques : « Nous nous sommes aperçus, souligne M. Thomas, que plus la salle est éloignée du serveur, plus il y a de chances que la connection ne soit pas bonne. D’autre part, les boîtiers de première génération ne sont pas assez performants pour aller chercher les données des CD ROM disponibles depuis le centre de documentation. Mais c’est suffisant pour avoir accès à l’Internet. Il s’agit d’une technique très jeune, pas encore sûre à 100 % et dont la qualité dépend aussi de l’état de l’installation électrique. »
Des limites qui ne découragent pas Philippe Legrand : » Nous considérons que 95 % des bâtiments peuvent être mis en réseau grâce aux CPL. Si nous devions câbler, nous serions obligés, vu le coût, de sélectionner les endroits connectés. Les courants porteurs sont également intéressants car ils ne nécessitent pas de formation lourde pour les enseignants et ils permettent de répondre facilement à la demande sans avoir à tout casser.
Quant à voir émerger de nouveaux usages, cela nécessite une vrai modification des comportements. C’est une démarche sur quinze ans ! Or aujourd’hui les enseignants sont encore dans la transmission du savoir et pas encore modérateurs. »