Un point sur le satellite bidirectionnel (première partie)
par Cécile Plet
Depuis septembre 2002, il semble que ces petits machins qui circulent à quelques milliers de kilomètres au-dessus de nos têtes soient devenus LA solution magique pour connecter tout le monde à haut débit. Un enthousiasme provoqué par la conjonction de plusieurs faits.
A l’origine de ce grand retour du satellite, l’adoption, début 2001, par le DVB forum (http://www.dvb.org ) de la norme DVB RCS (Digital Video Broadcasting-Return Channel over Satellite) qui permet de bénéficier d’une voie de retour satellite plutôt que terrestre, et donc d’avoir une connexion satellite bidirectionnelle.
Dès lors, durant l’année 2001, plusieurs opérateurs satellites ( Astra, Eutelsat…) et équipementiers ont développé des solutions autour du standard DVB RCS ou de normes propriétaires, afin d’offrir leurs services à des fournisseurs d’accès.
Aujourd’hui, après deux ans de maturation industrielle, les offres de satellites bidirectionnelles arrivent sur le marché "grand public". Guillemets nécessaires car les tarifs pratiqués font que ces offres restent plutôt réservées aux entreprises… qui n’ont pas d’autres solutions pour se connecter. Pourtant, les effets d’annonces tendent à faire du satellite LA solution pour connecter à haut débit les coins les plus reculés de l’hexagone.
Or la réalité est beaucoup moins miraculeuse, et les fournisseurs d’accès à l’internet par satellite sont d’ailleurs les premiers à le reconnaître. Philippe Tintignac (dont nous vous livrerons une interview la semaine prochaine), fondateur de I-Point, société qui a lancé l’une des premières offres de connexion satellite birectionnelle (I-Sat – http://www.i-sat.fr) n’hésite pas à dire que ce type d’offre ne correspond pas à tous les usages de l’internet haut débit, loin de là. Car, il s’agit bien de faire de l’internet avec un outil qui n’a pas été conçu à l’origine pour cela. De plus :
– les offres et l’installation restent coûteuses et ne s’adressent pas vraiment au grand public ;
– les débits sont loin d’être mirobolants ;
– les temps de latences sont tels qu’il n’est pas question de faire de la visioconférence ou du jeu en réseau via une connexion satellite bidirectionnelle. En effet, lorsque vous émettez des données, vous les envoyez à un satellite géostationnaire situé à 36 000 kilomètres qui doit les réémettre vers une station terrestre. Temps moyen pour le trajet aller : 250 millisecondes. Idem pour le retour.
Reste qu’il semble que, pour le moment, dans certaines conditions, c’est ce qui se fait de mieux et de plus économique. Certains concurrents affirment que les tarifs ont baissé de manière anormale : les fournisseurs d’accès internet par satellite vendraient à perte. Reste que, pour le moment, ces offres permettent à des entreprises situées en zone rurale de se raccorder à l’internet dans des conditions sans comparaison avec ce qui leur était proposé jusqu’alors. Une entreprise au fin fond du Gers n’a aujourd’hui pas d’autre choix qu’une ligne sécurisée qui lui coûte souvent plus cher que du satellite.
La Poste a également été un des premiers à offrir un service satellite bidirectionnel aux collectivités locales avec le lancement en juin 2002 de l’offre Cyberkiosque. Mais une fois encore, il ne s’agit pas de solution miracle, même si cela ne l’empêche pas d’être utile pour le moment, comme en témoigne Anne Riehl, de la communauté de communes de la Lomagne gersoise ( http://www.cc-lomagne-gersoise.fr).
SOMMAIRE
Edito : le satellite, une étape nécessaire, par Hubert Guillaud et Jacques-François Marchandise
Un point sur le satellite bidirectionnel, par Cécile Plet
L’internet par satellite, par Jean-Michel Cornu
Un cyberkiosque dans les étoiles, interview d’Anne Riehl, de la communauté de communes de la Lomagne gersoise
Satellite et Wi-Fi : c’est possible !
Pour aller plus loin
Satellite et Wi-Fi : c’est possible !
Partager sa connexion satellite grâce à Wi-Fi c’est non seulement possible, mais déjà fait. Un membre de la communauté Paris Sans Fil ( http://www.paris-sansfil.info) l’a testé, mais avec une connexion satellite unidirectionnelle. Pour la voie de retour, un modem ADSL prend le relais.
Autre exemple, lors d’une manifestation nationale des Verts britanniques qui a eu lieu au mois de juillet 2002 dans la campagne du Somerset anglais, Psand.net a mis en place un système original pour assurer la connectivité du lieu. L’accès internet était assuré via un satellite bidirectionnel et relayé avec une borne Wi-Fi pour permettre à tous les participants de se connecter. Cerise sur le gâteau, l’énergie électrique était fournie par un panneau solaire et également par une bicyclette qui servait de générateur à pédale.
L’info : http://slashdot.org/article.pl?sid=02/09/22/2120212
Détail complet de l’expérimentation, explications techniques, photos : http://www.psand.net/green/
Des expérimentations de partage de connexions bidirectionnelles avec Wi-Fi ont également eu lieu dans le cadre d’Autrans 2003. Explications : http://www.fing.org/index.php?num=3368,2
Pour aller plus loin
Le dossier très complet et constamment réactualisé de la mission internet des Alpes du Sud : http://www.alpesdusud.com/observatoire/satellite/sat0_main.html
"La Contribution des satellites à l’internet", Revue des télécommunications d’Alcatel (.pdf) : http://atr.alcatel.de/hefte/01i_4/fr/pdf_fr/verhulstfr.pdf