HEC : une université et un campus physiques et numériques à la fois. La Télé-Université du Quebec (TELUQ) et son Laboratoire d’Informatique Cognitive (LICEF) HEC – une université et un campus physiques et numériques à la fois
www.hec.ca (informatique : www.hec.ca/gti)
Paul Mirault, directeur des Technologies de l’Information Visite : un campus branché
L’école des Hautes études commerciales (HEC) est logée dans un superbe bâtiment moderne datant de 1996, lumineux et spacieux. HEC compte 9000 étudiants en tout. Les frais de scolarité sont de C$ 2000 / an. Les cours sont principalement délivrés en français, mais également en anglais et espagnol.
Surprise : dans les couloirs, sur des tables disposées partout dans l’école, dans les amphis et les salles de travail, partout des étudiants travaillent avec leur ordinateur portable. Des prises électriques et réseau sont disponibles partout, y compris sous les tables en U des mini-amphithéatres de cours. Dans ces salles, le bureau de l’enseignant est équipé d’un ordinateur et d’un vidéoprojecteur. Les salles sont toutes nommées à partir d’une entreprise : publique, HEC dépend de plus en plus du privé pour son financement car les financements publics sont en baisse constante.
L’école est raccordée au RISQ et à CANARIE à 1Gbps et dispose d’un réseau interne Gigabit Ethernet , bientôt en 10 Gbps. 7500 prises réseaux sont disponibles sur l’ensemble du bâtiment, reliées par 260 km de câbles.
Le programme « virtuose »
Ce programme engagé en 1997 consiste à exiger de tous les étudiants des cycles concernés qu’ils disposent d’un portable. Des modèles recommandés (IBM), préinstallés avec les logiciels recommandés par l’école, sont vendus par la coopérative étudiante à des prix avantageux, mais les étudiants peuvent faire d’autres choix.
Une formation minimale est fournie aux étudiants lors d’une « Journée virtuose » obligatoire, simultanée avec l’achat de l’ordinateur. Elle vise à fournir aux étudiants tous les éléments nécessaires afin d’être fonctionnel : paramétrage, sécurité, outils de communication, éthique, utilisation de l’intranet, la bibliothèque et ses outils… Aucune autre formation n’est incluse pour les étudiants. Des formations individuelles et de groupe sont prévues pour les enseignants. Sur l’intranet, des modules d’auto-formation sont enfin disponibles (outil Maestro)
Une « équipe Virtuose » composée d’un coordinateur, d’un programmeur à temps plein et de 25 étudiants à temps partiel, fournit une assistance aux autres étudiants et aide les enseignants à explorer le potentiel des TIC, à développer du matériel pédagogique, ou encore à concevoir des outils pédagogiques.
Aujourd’hui, 4500 étudiants sont équipés.
HEC en ligne : l’intranet de l’école
Sur son accès personnalisé, l’étudiant choisit ses cours et s’y inscrit ; il accès à son relevé de notes, son compte financier ; il peut utiliser un agenda partagé, prendre rendez-vous avec un enseignant ou réserver certaines ressources. Chaque étudiant dispose également de son propre espace disque sur un réseau Novell.
De son côté, l’enseignant peut poster son plan de cours auquel l’élève peut accéder. Le cours lui-même peut être stocké sur l’intranet et projeté par l’enseignant en classe.
Usages
Globalement, les usages suscitent une consommation massive de ressources réseau : les débits entrants vers HEC sont plus importants que ceux l’université de Montréal, qui compte 6 fois plus d’étudiants ; en revanche, les débits sortants très inférieurs (HEC est peu serveur). Environ 100 000 courriels s’échangent par jour pour 4500 étudiants équipés. Les étudiants accèdent en revanche assez peu à l’intranet HEC depuis leur domicile, sans doute parce que le débit disponible dans l’école est nettement plus important.
Si l’on met à part l’usage proprement pédagogique (voir plus bas), le programme a transformé les habitudes de travail :
· Plus d’échanges papier avec l’administration. On utilise un ERP (PeopleSoft). Les inscriptions pédagogiques se font en ligne, les enseignants transmettent leurs relevés de notes.
· Les échanges entre les étudiants et les professeurs se développent très fortement. Un étudiant s’est un jour plaint que son enseignant ait mis plus de deux heures à répondre à son courriel !
Dans les cours, l’usage du portable dépend des enseignants. Certains s’inquiètent du fait que les étudiants font autre chose que travailler ou prendre des notes.
Impact sur la pédagogie
« Je ne le trouve pas suffisant », indique le responsable du programme Virtuose. La majorité des enseignants ont passé l’étape 1 de PowerPoint et le courriel. Certains font des expériences par eux-mêmes. Mais la situation stagne. L’équipe « Virtuose » a déjà travaillé avec les enthousiastes (chats, questionnaires, simulations…). Maintenant il faut aller chercher les autres et pour ceci il faut le soutien de spécialistes de la pédagogie, dont l’équipe est pour l’instant dépourvue.
En ce qui concerne les supports de cours, quelques profs se sont saisis de l’outil. La plupart fournissent un document Word à l’équipe Virtuose et la laissent se débrouiller ; d’autres demandent à retravailler un peu en commun avec l’équipe.
La pédagogie reste donc le principal défi. On donne des cours magistraux traditionnel avec PPT : « Il faut qu’on change », qu’on devienne plus interactifs ; il faut pour cela mobiliser des vrais spécialistes en pédagogie, ne plus attendre que des enseignants prennent l’initiative, mais que l’administration de l’école s’engage :
· Exemple d’un prof de Finances : l’étudiant reçoit un exercice pendant la classe, les étudiants se mettent en équipe pour résoudre le problème, le professeur se promène. L’ordinateur ne peut cependant pas être utilisé dans chaque séance de chaque matière.
Une fois par an, la « Foire Virtuose » permet aux assistants et aux professeurs de montrer ce qu’ils ont fait.
Le problème des examens
Les examens restent un problème épineux : que doit-on autoriser, l’ordinateur, l’accès réseau ? Le risque de triche, de plagiat, est très grand. La réponse : concevoir les épreuves pour que l’effort de plagiat soit trop important pour la durée de l’examen.
Les réseaux sans fil
Avec les réseaux sans fil, les étudiants pourront se créer des réseaux privés sans demander la permission. Ceci pose de nouveaux problèmes de sécurité.
Les réseaux sans fil apportent plus de commodité, ils permettent aux étudiants d’être très mobiles. Ils seront donc généralisés, mais sûrement pas en substitution des réseaux filaires, beaucoup plus rapides.
HEC : une étudiante et son portable (photo Jean-Charles Bossard)
La Télé-Université du Québec (TELUQ) et son Laboratoire d’Informatique Cognitive (LICEF)
Jacqueline Bourdeau, directrice, et Pierre Bernard Présentation
La TELUQ est une université complètement à distance. 5000 étudiants y son inscrits en « équivalent temps complet ». la TELUQ marie technologies de l’information et moyens traditionnels.
La présentation était centrée sur le Laboratoire d’informatique cognitive (LICEF), un centre de « recherche-développement appliquée » spécialisé en informatique cognitive et ses applications aux environnements de formation.
Le LICEF bénéficie d’un volume de financement de projets de 2,1 M C$, qu’il considère satisfaisant. Avec 200 chercheurs et beaucoup d’étudiants, il est l’un des trois pôles du réseau canadien de centres d’excellence en téléapprentissage. Le LICEF est membre du Bureau international de standards d’instruction et de performance, et travaille notamment à définir des standards de compétences pour les téléformateurs.
En 2000, l’arrivée à maturité des produits issus de la recherche a permis de créer deux entreprises : Nomino Technologies (linguistique, voir plus loin) et Cogigraph (distribution de la solution Explor@ décrite ci-dessous).
En 2001, le LICEF a donné naissance à un laboratoire expérimental, le LORIT.
Définition du téléapprentissage
· Fait référence aux systèmes de formation fondés sur les sciences cognitives, les théories de l’apprentissage, les technologies de l’information et de la communication – dont les réseaux informatiques ;
· Un processus d’acquisition d’informations, de construction de connaissances et de développement de savoir-faires et d’habiletés, qui se réalise dans un environnement informatisé supporté par le réseau et qui se fait par l’intermédiaire d’interactions avec le système ou avec des personnes, répartis dans le temps et l’espace.
Le domaine d’étude du LICEF
Le LICEF travaille sur les modèles, méthodes et outils de télé-apprentissage. Il est l’origine du premier campus virtuel canadien.
Le LICEF est impliqué dans un grand projet québécois : Recto-Verso (Trigone Lille, LIUM Maine, LID P7 ; Neurope Lab, CENT).
Les équipes de recherche du LICEF travaillent sur les projets suivants :
· Interfaces homme-machine (IHM)
· Conseil, tutorat
· Analyse du discours
· Apprentissage et travail collaboratifs
· Environnement multimédia d’apprentissage
· Ingénierie pédagogique
· Laboratoires virtuels
· Ecole informatisée : identifier les processus d’informatisation de toutes les dimensions d’une école, à partir d’une modélisation cognitive des processus. Il s’agit d’un projet presque achevé qui a connu ses premières mises en œuvre.
Explor@ : un environnement complet de téléapprentissage
www.licef.teluq.uquebec.ca/exploraDemo
Le travail du LICEF, très axé sur la modélisation, a permis de mettre en place un environnement de téléapprentissage à la fois complet et presque totalement ouvert à tous les outils de création de contenus du marché. Cet environnement est intégré dans une plate-forme dénommée Explor@.
Explor@ permet de gérer un projet coopératif de création de cours en téléapprentissage, depuis la pédagogie jusqu’à l’administration. L’outil relie les différents acteurs de manière programmable, entre eux et avec des référentiels (banques de données, ressources, outils…) et des bases documentaires.
Le fonctionnement d’Explor@ se fonde sur les méthodologies et outils issus du LICEF :
· L’outil de modélisation MOT (Modélisation par objets typés), qui identifie toutes les composantes élémentaires d’un projet de téléapprentissage pour en faire des « objets » réutilisables ;
· La Méthodologie d’ingénierie de systèmes d’apprentissage (MISA), qui décompose un projet en phases et permet d’agencer les objets de MOT.
La méthodologie identifie en particulier 5 types d’acteurs (apprenant, expert contenu, formateur, gestionnaire, concepteur) et 5 « espaces d’interaction » qui seront présents, de manière personnalisée en fonction du type d’acteur, sur le site de téléapprentissage : gestion, production, information, collaboration, assistance.
· ADISA, un atelier sur le web qui permet à plusieurs acteurs de collaborer à distance (sur la base de MOT et MISA) pour construire la structure d’un cours, avant d’avoir produit les matériaux pédagogiques.
ADISA part d’une description très précise du projet, des questions à poser, des tâches, des ressources… et de leur articulation : le projet peut être décomposé en 30 processus et 150 tâches. Directement articulé sur la méthode (MOT, MISA), l’atelier permet de développer ou suivre le projet à plusieurs, d’en contrôler le déroulement et le contenu. En quelque sorte, ADISA applique une méthode de type « ingénierie logicielle » au téléapprentissage. L’objectif est d’ailleurs le même : améliorer la fiabilité et réduire les coûts.
· La production des contenus numériques (« médiatisation ») repose en revanche sur les outils du marché (ToolBook, Macromedia…).
Pour le LICEF, les autres plate-formes d’e-learning qui poussent comme des champignons (exemple de Web-CT) manquent de principes pédagogiques, : elles sont de la simple mise en ligne de support de cours. Explor@ va bien au delà.
Le CIRTA – Centre interuniversitaire de recherche sur le télé-apprentissage
Le CIRTA rassemble depuis 2000 la plupart des chercheurs et les universités québécoises intéressés au télé-apprentissage, avec l’objectif de créer une masse critique et de trouver un positionnement stratégique de pôle d’excellence mondial.
Sa mission consiste à étudier, évaluer et développer des théories et des pratiques du téléapprentissage, ainsi que d’assurer le transfert et la valorisation des résultats de ses recherches. L’objectif est toujours d’aller jusqu’au bout de la valorisation.