L’économie canadienne et québecoise. Introduction à la culture québecoise. La dynamique internet québecoise, public et privé. La politique gouvernementale pour le développement des services de large bande au Canada. Le programme « Un Canada branché ». L’économie canadienne et québécoises Marie-Claude Auradou, Mission Economique (ex-PEE), www.montreal.dree.org L’organisation du territoire canadien en marque très fortement la culture
· Une organisation fédérale très complexe.
· Une très grande étendue géographique et un climat rigoureux qui rend les communications difficiles et fait que les provinces communiquent souvent plus avec leur sud (américain) qu’avec les autres provinces. Les 25 millions d’habitants sont presque tous installés le long du fleuve Saint Laurent (Québec) et de la frontière américaine.
· C’est un pays d’Amérique, ne pas se laisser abuser par la communauté de langue avec la France.
L’économie du Canada
· Une économie très développée.
· Le commerce extérieur représente 40 % du PIB, avec un solde positif. 87 % du commerce extérieur canadien part aux Etats-Unis. Le Canada fait partie de l’ALENA qui a pratiquement éliminé les barrières commerciales aux échanges. Conséquence : les cycles économiques canadiens sont fortement indexés sur ceux des Etats-Unis.
Actualité de l’économie canadienne
Le PIB a connu une forte croissance dans la seconde partie de la décennie 1990, avec un fort ralentissement en 2001 et surtout en 2002. Le chômage a fortement baissé jusqu’à 6,8 %, il remonte aujourd’hui. Le taux de change est en baisse constante, sans véritable raison économique.
Comme les Etats-Unis, le Canada a adopté une politique d’équilibre budgétaire qui a même conduit à des excédents, mais le solde redeviendra négatif en 2002. L’Etat est très lourdement endetté, plus de 70 % du PIB.
Le Québec
L’économie du Québec (6 millions d’habitants) connaît les mêmes cycles que celle du reste du pays. Elle s’appuie sur deux piliers :
· L’exploitation des ressources naturelles (pêche, bois, minéraux) ;
· Les services et les technologies de pointe, avec des politiques très volontaristes : notamment aéronautique, TIC. A côté des grands groupes (Nortel et Bell Canada), un tissu de PME (beaucoup rassemblées dans la Cité du Multimédias).
Le Québec bénéficie de coûts de main d’œuvre et d’énergie très bas, d’une fiscalité favorable, d’une force de travail francophone et bien formée.
Le commerce avec la France s’est bien redressé après un recul inexpliqué en 2000. Il y a beaucoup de français de souche au Québec.
Introduction à la culture québecoise Michel Cartier, professeur à l’université du Québec à Montréal Géographie
L’espace canadien est vaste et dur. Les réseaux hydrologiques, télégraphiques, ferroviaires et numériques se superposent presque parfaitement. Toutes les relations sont plutôt nord-sud qu’est-ouest, même par dessus les frontières avec les Etats-Unis. Cela correspond d’ailleurs plus naturellement à la géographie physique.
Isolement, neige, grand territoire : dans un tel contexte, savoir communiquer est essentiel, d’où la forte pénétration de l’internet (et aussi du satellite). « Le Canada n’existerait pas si les TIC n’existaient pas ».
L’aspect amérindien
40 % des québécois auraient une part de sang indien, mais on le dit peu. Les relations avec les amérindiens sont très mauvaises. Pourtant un tiers de la toponymie, une bonne part de la gastronomie… sont amérindiens. C’est sans doute pourquoi a tradition de la cabane dans la forêt, la proximité de la nature, restent très importantes pour les habitants de Montréal.
Francophonie et américanité
Les québécois ne sont pas des français. Ce sont des descendants de français qui ont fui l’autorité royale imposée autour du St-Laurent et qui sont restés après le départ de la plupart des français sous la pression des anglais, au XVIIe-XVIIIe siècle.
Ils ont du lutter pour construire et défendre leur identité, d’où l’importance de la francophonie qui se traduit dans l’importance de la production multimédia et web francophone au Québec. Mais les québécois sont bel et bien des américains.
L’économie internet au Québec
Montréal est une des premières villes d’Amérique dans le domaine des NTIC, elle connaît une densité exceptionnelle de jeunes entreprises dans le secteur. Les québécois sont des raconteurs-nés. Cela a évité à l’aspect créatif d’être tué par l’industrialisation.
Le Québec est très fort pour raconter des histoires, et sur l’image. Il est donc bien placé dans les industries de la langue et l’image.
Le Canada et particulièrement le Québec est un laboratoire de recherche hors pair. « On est tricotés serrés », on se connaît, on a une vision qui n’est pas suiviste par rapport aux Etats-Unis.
50 % des gens sont câblés, 70 % des maisons ont des consoles de jeux.
La dynamique internet québécoises, public et privé Hervé Fischer, chercheur, Président de la Fédération Internationale des Associations du Multimédias (FIAM, www.fiam.org) Une dynamique spontanée…
Le Québec est la province pionnière pour l’internet et le multimédia au Canada. Depuis, le Canada tout entier a développé une politique internet très vigoureuse. Cela correspond à un passage sensible et rapide d’une « vieille économie » basée sur les ressources naturelles, à la nouvelle.
C’est au Québec qu’il y a le plus d’entreprises de TIC dans l’image et les effets spéciaux pour le cinéma et la TV : Softimage, Toonboon, Tarna, Espace Image…
… Fortement soutenue par les pouvoirs publics
Cette dynamique a été la base de la création d’un tissu de PME, autour notamment de la « Cité du Multimédia », une ancienne friche industrielle revitalisée à coup d’investissements immobiliers et d’avantages fiscaux. Suite à la négociation intervenue à l’occasion de l’implantation d’Ubisoft, les conditions fiscales et sociales très avantageuses consenties à l’entreprise ont été généralisées aux entreprises québécoises de l’internet et du multimédia. Résultat : 10 000 emplois en 5 ans.
Aujourd’hui, le gouvernement de la province crée une Cité du commerce électronique. Il s’agit aussi d’une ancienne friche, proche du centre ville avec liaison avec l’aéroport. Le chantier est en cours, mais le démarrage est plus lent que prévu du fait de la baisse de la bourse. D’autres projets sont en cours, notamment la Cité du cinéma numérique (projet qu’Hervé Fischer soutient).
La politique gouvernementale s’est aussi traduite dans d’autres domaines :
· e-Administration : e plus en plus de procédures en ligne (ex. appels d’offres, …)
· Education : toutes les écoles québécoises sont branchées, etc.
Ce leadership public fort a permis de rattraper un retard d’équipement du Québec dans les foyers et les PME, vis à vis du reste du pays.
Un projet phare au niveau fédéral
Avec 50 % de la population connectée, le Canada est l’un des pays les plus branchés au monde. Le gouvernement fédéral a pris conscience de l’importance du numérique, avec des investissements majeurs, notamment dans les réseaux à hauts débit. Le gouvernement est notamment en train faire d’Ottawa une « vraie » capitale, avec une « Silicon Valley » dynamique. Ottawa développe aussi beaucoup le réseau scientifique.
Les priorités canadiennes (voir plus bas et http://brancher.gc.ca) :
· D’abord l’infrastructure. Des dispositifs législatifs de soutien très efficaces. Une part significative des infrastructures est publique, avec des financements lourds.
· L’éducation, au travers des plans d’équipement massif des établissement. Il y a 2 universités au Canada qui font des cours purement en ligne, et le réseau SchoolNet d’appui au branchement de toutes les écoles canadiennes.
· Favoriser le développement de portails sectoriels regroupant des PME (ex. artisanat inuit, petits producteurs…)
· La production de contenus et la numérisation du patrimoine culturel canadien : plus de 100 M C$ par an sur la production et la numérisation de contenus en ligne. Mise en ligne des musées, archivage et diffusion des fonds documentaires…
· L’e-administration (ex. http://portaildesaffaires.ca/index.cfm…)
Tout cela représente un basculement extrêmement fort en quelques années, soutenu par les gouvernements. Aujourd’hui la difficulté est d’habiter ces réseaux, changer les habitudes des usagers. C’est plus facile au Canada qu’ailleurs où du fait des distances, depuis toujours la communication est une priorité.
Une vision politique
Les nouvelles technologies permettront de maintenir une vie dans les régions les plus éloignées, voire de délocaliser des services administratifs et autres dans les régions éloignées. La fonction d’aménagement du territoire est essentielle. L’unité canadienne, si elle existe un jour, devra beaucoup au numérique. C’est le chemin de fer moderne.
La politique gouvernementale pour le développement des services de large bande au Canada Bernard Courtois, Directeur de la stratégie, Bell Canada Un développement spontané et rapide de l’internet à haut débit
Pour développer les hauts débits, le Canada part d’une situation favorable :
· Le service téléphonique de base comprend l’accès internet sans frais d’appel, à l’identique au service local (les zones d’accès local sont assez grandes)
· Plus de 50 % de la population est connectée. Plus de 40 % des foyers sont abonnés à l’internet.
· Les 2/3 de la population sont situés dans une zone géographique permettant d’avoir accès à l’internet à large bande, un pourcentage qui augmente à mesure que les câblo-opérateurs modernisent leurs réseaux et que la disponibilité du DSL croît. Ainsi, fin 2001, environ 20 % (30 % là où c’est disponible) de la population était abonnée à un service internet à haut débit (USA : environ 10 %). A court terme, 50 % des gens chez qui le service est disponible auront le haut débit.
La différence avec les Etats-Unis s’explique d’une part par les restrictions réglementaires auxquelles sont soumises les opérateurs téléphoniques locaux américains, mais surtout par le prix : au Canada, il est le plus bas du monde, trop bas d’ailleurs pour que les opérateurs puissent rentabiliser leurs offres haut débit…
Le soutien public : le programme « Canada Branché »
L’appétit pour le haut débit est là. Il est alimenté, mais non créé, par l’action des pouvoirs publics :
· Au niveau fédéral, au travers du programme « Un Canada Branché » (voir encadré)
· Au niveau des provinces : deux exemples parmi beaucoup d’autres :
– Québec : subvention à l’équipement individuel (jusqu’en mars 2001)
– Alberta : SuperNet (réseau à large bande joignant un grand nombre de communautés pour les services d’e-administration et pour faciliter l’accès des opérateurs privés aux marchés locaux), construit par Bell Canada
Le programme « Un Canada branché »
« Un Canada branché constitue la vision et le plan du gouvernement canadien en vue de faire du Canada le pays le plus branché du monde. Il s’agit d’une initiative composée de six volets visant à placer le Canada au premier rang mondial en matière de développement et d’utilisation des technologies de l’information et des communications de pointe et à l’aider à atteindre ses objectifs sociaux et économiques dans une économie fondée sur le savoir :
· « Le programme Le Canada en ligne permet à tous les Canadiens, y compris ceux des collectivités rurales et éloignées, d’accéder à une inforoute comptant parmi les meilleures du monde. (NDLR : Le groupe de travail sur les services à large bande, a proposé l’objectif, validé par le gouvernement d’offrir l’accès large bande pour tous les canadiens en 2004. Mais les récentes réorientations budgétaires ont déjà retardé l’objectif pour 2005)
· « Le programme Collectivités ingénieuses représente une démarche intégrée pour aider des collectivités entières à se brancher à Internet et relier les administrations locales, les écoles, les entreprises, les citoyens ainsi que les services sociaux et les services de santé.
· « Avec le programme Le contenu canadien en ligne, le gouvernement accroît le contenu canadien accessible en direct ; il s’agit d’un contenu qui traduit les valeurs, les réalisations et les aspirations de notre pays.
· « Le commerce électronique transforme la façon de faire des affaires au Canada. Pour aider le commerce électronique à prendre son envol, nous sommes en train de définir le cadre légal et réglementaire qui favorisera le recours accru aux transactions électroniques et fera du Canada l’endroit propice au développement du commerce des biens et services par voie électronique.
· « À l’aide du programme Les gouvernements canadiens en ligne, nous visons à donner à la population un accès aux renseignements et aux services en ligne du gouvernement canadien.
· « Grâce au programme Le Canada branché au reste du monde, nous voulons faire connaître notre pays comme étant une économie de pointe, attrayante pour les investisseurs étrangers, et faire du Canada un pivot de l’économie mondiale du savoir. »
L’étape suivante : une politique pour les hauts débits ?
La politique fédérale vise à rendre les services accessibles à toutes les communautés d’ici 2004. Le « Groupe de travail pour l’accès aux services à large bande » a ainsi proposé de fixer pour objectif qu’en 2004, tous les canadiens puissent avoir accès aux services des hauts débits.
Le groupe suggérait de s’appuyer essentiellement sur le secteur privé et de cantonner l’investissement public aux lieux que le secteur privé ne couvrira pas :les régions pauvres, peu denses ; les réseaux de transport vers les zones éloignées ; les établissements de santé et d’éducation. Le budget estimé était de 1,5 Md C$, mais du fait du ralentissement économique, le budget n’a pas donné suite.
Autres sites
· La stratégie d’innovation du Canada : www.innovationstrategy.gc.ca/
· Groupe de travail national sur les services à large bande : http://broadband.gc.ca/francais/index.html