Il n’y a pas beaucoup de lettres de veille en français qui vous surprenne par des informations intelligentes et différentes sur les transformations numériques.

J’adore celle de Nicolas Nova (@nicolasnovaabonnez-vous ici ou suivez là désormais sur le blog ouvert sur le site du Temps), que je vous avais déjà signalé.

Depuis plusieurs semaines je suis celle de Nicolas Morin (@nicomo, l’abonnement est là). Difficile pour l’une comme pour l’autre d’en extraire une information. Tout est à lire. Alors pour vous donner envie de lire celle de Nicolas, je me permets d’en reprendre un contenu.

“Le billet de blog de la semaine — d’ailleurs, vous avez remarqué : depuis quelques années on ne parle plus des blogueurs, seulement des plateformes — Facebook, twitter, etc. — mais les blogueurs sont toujours là…

Bref, le billet de la semaine, long, fouillé, original, et faisant parler, est celui de Tom Coates, la forme des choses, sur l’internet des objets et, spécifiquement, le design des interactions entre nous et nos objets « intelligents ».

Il est très critique à l’égard de ce qui existe actuellement. Le plus souvent l’objet connecté en question n’est guère plus qu’une télécommande : vous pouvez changer la couleur de votre ampoule « intelligente », montez la température de votre thermostat, etc. par l’intermédiaire de votre téléphone. Mais il est aussi critique à l’encontre du courant qui semble dominer la réflexion sur le design futur d’objets connectés et qui vise, pour l’essentiel, à placer l’interaction dans l’objet lui-même. Par exemple un parapluie connecté qui clignote légèrement quand vous passez dans l’entrée si la météo prévoit de la pluie.

Mais pour Tom Coates, c’est oublier ce qui fait l’intérêt de l’internet des objets : l’internet, c’est-à-dire l’abolition de la distance : vous pouvez contrôler un objet sans être physiquement présent.

Par ailleurs, il faut, dit-il, que les fabricants réalisent qu’un objet connecté n’est pas un objet, mais un service : la relation ne se termine pas au moment de l’achat avec une vague garantie d’un an, c’est une relation de service dans la longue durée, avec mises à jour régulières du logiciel, etc. S’il s’agit d’un service, la relation est forcément personnelle : l’unité de mesure n’est pas l’objet, mais la personne. Par exemple, un thermostat « connecté » ne devrait pas connaître les préférences « de la maison », mais de chaque personne dans la maison : Paul est seul aujourd’hui, il aime quand ça reste frais, 19 °C ; il est avec Alice, on monte à 21 °C.

Cela change profondément la nature des prestataires : tout le monde vendait des objets ? Maintenant, tout le monde fait du logiciel : c’est là qu’est l’intelligence.

Pour finir, les interactions avec les objets ne devraient pas être autonomes, c’est-à-dire que l’objet ne devrait pas essayer de prendre des décisions à votre place (par exemple « il est 18 h, il fait nuit, Alice arrive dans 10 minutes, j’allume les lumières de l’allée et celles du salon »), mais vous laisser prendre ces décisions sans vous demander d’être un programmeur : « Objet, s’il fait nuit, 10 minutes avant mon arrivée, allume les lumières de l’allée et du salon, sauf si Paul est déjà à la maison, il n’a pas envie de voir les lumières du salon s’allumer par surprise… dans ce cas, allume juste l’allée »).

L’internet des objets est plein de merdes, des objets idiots, des failles de sécurité où passerait un éléphant, etc. Mais de la même façon qu’il est devenu très difficile d’acheter une voiture qui n’aurait pas d’électronique (un vrai problème en climat tropical, laissez-moi vous dire), il sera dans quelques années difficile d’acheter un « bête frigo ». Il se vendait 50.000 ordinateurs par an à la fin des années 1970, il s’en est vendu en tout 2 milliards au milieu des années 2000. En 2016 il se vendra un peu moins de 2 milliards d’ordinateurs dans l’année (smartphones, smartphones). C’est dans ce contexte qu’il faut penser à l’internet des objets : des milliards et des milliards d’ordinateurs partout, chaque année. Ils sont là. Pas un problème en soi, sauf si c’est « Paul du service Marketing » qui décide comment ça marche…”

L’Internet Zinc, c’est par là.

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