Des implications du selfie comme moyen d’authentification – Mathbabe

Récemment, on apprenait qu’Amazon avait breveté une solution d’authentification par selfie : la biométrie, via la reconnaissance faciale, venait de trouver une nouvelle application commerciale : nous allons pouvoir payer avec notre visage. Mais que faut-il décrypter de cette course sans fin à l’authentification parfaite que nous promet la biométrie depuis des années ? 

Sur son blog, la mathématicienne Cathy O’Neil (@mathbabedotorg), qui publie un livre intitulé Armes de destruction mathématiques : comment les Big Data renforcent les inégalités et menacent la démocratie, nous invite à prendre du recul et à résister à ce projet “diabolique”. 

Si Google, Facebook ou Amazon dominent leurs marchés respectifs, ce n’est pas seulement parce qu’ils ont beaucoup de clients, mais parce qu’ils ont plus de données personnelles sur leurs clients. L’enjeu n’est pas que vous pouvez utiliser Bing si vous n’aimez pas Google, comme se justifiait Google lorsqu’on dénonce ses pratiques anti-concurrentielles. “Nos données sont son produit”

Comme l’expliquait dans un article de recherche Nathan Newman, c’est le contrôle de Google sur les données des personnes qui est anti-concurrentiel, et Bing ou tout autre moteur ne peuvent rivaliser avec lui parce qu’ils ne disposent pas de réserves sur ce marché. Google contrôle les données de recherches dans le monde, Facebook contrôle les données d’interaction sociale, Amazon les données d’achats… Et c’est ce contrôle sur les données qui les rend puissants. 

Pour Cathy O’Neil, ce qui est en jeu dans le brevet d’Amazon, consiste à accumuler des données photographiques pour faire tourner un moteur de reconnaissance facial pour contrebalancer la puissance de Facebook et de Google dans l’accumulation et l’analyse d’images. Pour entrer dans le jeu de la reconnaissance faciale, Amazon fait de l’obtention de nouvelles données (vos selfies) une condition pour accéder à son service ! “Vous voulez videz votre panier ? Alors donnez-nous plus de données !” 

Si Cathy O’Neil n’a pas la solution pour résister à cette nouvelle captation de données, Nathan Newman (@nathansnewman), lui, évoque des pistes visant à réduire le contrôle des entreprises sur les données des utilisateurs, à créer un marché des données au bénéfice de ceux-ci ou à imposer des obligations d’intérêts public sur ces entreprises. 

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