La « Radio logicielle » (Software-Defined Radio), cette « idée dans l’air », selon le mot d’Hervé Le Crosnier (http://www.fing.org/index.php?num=4159,2), est une des « méta » technologies radio des plus prometteuses tant pour la connexion des objets mobiles et communicants que pour l’économie et « l’écologie » des réseaux sans fil. Elle consiste, comme vous allez le découvrir dans notre dossier, à permettre à un appareil de s’adapter au contexte de réception ambiant, c’est-à-dire de choisir dans un environnement, la fréquence la plus adaptée à ses besoins. Ce « roaming » intelligent permet d’accéder au meilleur réseau disponible où que l’on soit. Ainsi, il est possible de transformer indifféremment un ordinateur de poche en talkie-walkie, téléphone ou télévision haute définition… L’appareil détermine seul, selon l’utilisation que vous en faites et l’encombrement des réseaux, quel type de technologie sans fil il va utiliser. Ainsi, lors d’une visio-communication en déplacement, si vous perdez l’image en quittant la zone de couverture Wi-Fi, votre mobile essaiera de maintenir votre conversation téléphonique avec votre correspondant en passant en zone GSM.
Or, cet enjeu technologique majeur est le point d’achoppement de la complémentarité des objets et terminaux mobiles : la Radio logicielle n’offre pas seulement le choix entre deux technologies, comme on commence à le voir apparaître (avec les premiers appareils Wi-Fi/Gprs), mais élargit totalement la gamme du spectre, faisant passer la techno aux oubliettes. Avec un système pareil, qu’importe la technologie de transmission utilisée, l’important, c’est que l’appareil que j’utilise réponde au mieux à l’usage que j’en fais. Dans ce contexte là, il n’y a plus de Bluetooth, de Wi-Fi ou de 3G qui tiennent et entre lesquels le consommateur ne se retrouve pas forcément : juste des technos qui disparaissent totalement derrière l’usage.
Mais la technologie radio logicielle, c’est aussi un peu plus que cela. Elle permet qu’une puce radio, par simple mise à jour logicielle, puisse réceptionner des fréquences pour lesquelles elle n’était pas taillée. Il suffira alors d’un « ad-on » pour mettre à jour son terminal quand on voyage en Chine par exemple et se mettre à capter la norme TD-Cdma (la version chinoise du Cdma2000 américain) ou Wireless Authentification and Privacy Infrastructure (Wapi, le Wi-Fi chinois auquel la Chine vient de renoncer) – à contrario, on peut d’ailleurs imaginer que notre appareil soit volontairement bloqué à notre insu par ces mêmes mises à jour logicielles…
Transformer du matériel en logiciel, c’est (potentiellement) assurer une continuité entre les réseaux, indépendamment des stratégies des constructeurs et des opérateurs. C’est à la fois ouvrir une nouvelle boîte de pandore de contrôle technologique et un nouveau potentiel d’innovation, puisque celle-ci ne nécessite plus de disposer de capacités industrielles : une bonne équipe de développeurs peut suffire. Mais encore faut-il régler le problème des relais et des antennes dont on ne pourra pas faire l’économie…
Bien sûr, les ingénieurs n’y sont pas encore… Mais on peut espérer que les problèmes de compatibilités entre matériels, normes, versions (http://www.zdnet.fr/actualites/technologie/0,39020809,39136785,00.htm) soient enfin résolus avec ce type de système.
Pourtant, on se doit d’émettre une réserve majeure. Pour faire fonctionner cela, il risque de falloir un hardware des plus performants, up to date, et donc certainement inaccessible à beaucoup de personnes, un peu comme il faut un système d’exploitation toujours plus puissant et rapide pour faire tourner des logiciels toujours plus gourmands. Sans compter que les logiciels en question ne sont pas exempts de bugs, d’erreurs… Dit autrement, si l’intelligence est souvent dans le software, celui-ci a aussi tendance à être plus fragile que le hardware…
Il n’est donc pas si sûr au final, que ces nouveaux horizons soient ceux d’une meilleure santé technologique, ni d’usagers plus satisfaits. Mais il faut croire, qu’il est devenu plus simple de faire une mise à jour que d’aller acheter le matériel adéquat au revendeur du coin – qui d’ailleurs n’existe plus.