Les étudiants dans l’oeil des Big Data – New York Times

Goldie Blumenstyk du Chronicle of Higher Education, auteure d’un livre sur la crise du système universitaire américain, revient dans une tribune pour le New York Times sur l’usage des Big Data par certaines universités américaines. “Les outils développés en interne et par un grand nombre de sociétés donnent désormais aux administrateurs des tableaux de bords permettant de coder les étudiants en rouge ou vert pour mettre en évidence ceux qui connaissent des difficultés scolaires.” Sur le campus de l’université Ball State dans l’Indiana on va jusqu’à surveiller si les étudiants participent à des soirées sur le campus le samedi soir pour vérifier leur engagement dans les clubs et activités sociales, au prétexte que les étudiants les plus engagés dans la vie de l’université sont aussi les plus susceptibles d’obtenir leur diplômes ! Un autre programme de cette même université récompense ceux qui reçoivent une bourse et sont les plus assidus à leurs formations en points qu’ils peuvent transformer en livres à la librairie du campus. Une Alliance pour l’innovation à l’université qui rassemble 11 grandes universités a annoncé vouloir utiliser l’analyse de données pour améliorer l’obtention de diplôme pour les étudiants boursiers. Le système eAdvisor de l’université d’état de l’Arizona a permis d’augmenter le niveau de diplôme de 26 à 41 % pour les étudiants à faible revenus, dont le taux d’obtention de diplôme demeurait bas. La Georgia State University utilise l’analyse prédictive pour conseiller des cours aux étudiants à partir des notes obtenues par tous les étudiants de l’université au cours des 10 dernières années ! 

Reste à savoir ce que recouvre ce paternalisme teinté de données. Car comme le souligne Goldie Blumenstyk, les institutions d’élites ne suivent pas leurs élèves de cette façon. Bien sûr, elles ont déjà été sélectives. Mais cette surveillance accrue des élèves les plus pauvres tient-elle vraiment de l’obligation morale des universités à les aider à réussir ? Il faut dire que dans le système scolaire américain, ces étudiants boursiers qui décrochent n’auront la plupart du temps pas une deuxième chance. Derrière les critiques sur la confidentialité et la fiabilité des données, Goldie Blumenstyk y voit plutôt une chance pour les étudiants les moins riches. Reste qu’un système de surveillance uniquement pour ceux qui réussissent le moins, pour leur propre bien bien sûr, laisse définitivement une drôle d’impression, comme le souligne Cathy O’Neil sur son blog

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