Caroline Slocock (@carolineslocock), directrice de Civil Exchange vient de diriger une étude (.pdf) en forme de bilan de la Big Society, cette conception de l’Etat défendue par le parti conservateur britannique de David Cameron en 2010, censé transformé la relation entre l’Etat et la société. Mais où en est ce programme 5 ans après ? interroge-t-elle dans le Huffington Post. Aujourd’hui, les références à la Big Society ont disparu des sites web du gouvernement britannique. Ce projet de société qui remonte à la troisième voie du travailliste Tony Blair et qui s’appuyait sur une certaine conception de l’innovation sociale (voir notre dossier “Voyage dans l’innovation sociale britannique”) proposait “d’habiliter les communautés et les citoyens et de veiller à ce que le pouvoir soit plus équitablement réparti dans l’ensemble de notre société”.
Si quelques initiatives ont été très positives, la Big Society n’a pas réussi à tenir ses engagements initiaux. . “Tenter de créer un action plus sociale, de renforcer la capacité d’agir des communautés et d’ouvrir les services publics, ces objectifs fondamentaux de la Big Society, n’ont pas fonctionné, à quelques exceptions près. La Big Society n’a pas atteint ceux qui en avaient le plus besoin. Nous sommes plus divisés que jamais”.
Pourtant, si le terme de Big Society a certes disparu, ce n’est pas vraiment le cas de ses objectifs, malgré ses échecs, estime Caroline Slocock. Les gens souhaitent toujours plus de contrôle sur leurs services publics. Les gouvernements veulent toujours faire plus avec moins et pour cela ils ont besoin d’élargir leur appui sur la société. Et la démocratie ne peut être revitalisée qu’en partageant de sa puissance avec tous. Le programme One Nation project (.pdf) du parti travailliste est dans la droite ligne de la Big Society.
Mais les politiciens britanniques peuvent-ils livrer une “bonne” Big Society" ? Pour Carolie Slocock cela demande d’arrêter avec la gestion du secteur public sur le mode du privé. Le rendement, le choix individuel et la concurrence ne sont pas des politiques pour ceux qui en ont le plus besoin. La Big Society a livré une “course vers le bas” livrant le secteur public à la domination de grands acteurs du secteur privé, à un quasi monopole qui s’est révélé bien peu transparent et bien peu responsable. Ces erreurs n’ont pas permis de relever les lacunes du système éducatif ou les inégalités du système de santé. Seul un modèle basé sur la collaboration plutôt que la concurrence sera à même de mobiliser les forces sociales pour fournir une meilleure santé ou une meilleure école. Pour réussir, il faut aussi partager et transférer plus de pouvoir et faire fonctionner les choses de manière plus collaborative. Enfin, un meilleur ciblage des publics est également nécessaire. Il faut concentrer le soutien là où le besoin est le plus grand, là où les communautés sont les moins aisées, les plus défavorisées, où les coupes dans le services public et le secteur bénévole ont été les plus dures. Elle doit parvenir à mieux soutenir la société civile pour la renforcer plutôt que l’affaiblir. Enfin, il faut aussi envisager un changement fondamental dans le rôle que joue le monde des affaires et lui assigner un objectif qui sert la société, qui aille plus loin que les programmes de responsabilité sociale des entreprises.
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