Internet a réduit le coût de la communication et de la recherche d’information. Cela a développé ces deux secteurs et les activités qui leurs étaient liées, expliquent, avec clarté, les spécialistes en management Ajay Agrawal (fondateur du Laboratoire de destruction créative et directeur du Centre pour l’innovation et l’entrepreneuriat de l’université de Toronto), son confrère Joshua Gans, auteur du Dilemme de la disruption et Avi Goldfarb, pour la Harvard Business Review.
En fait, les révolutions technologiques ne font que rendre une activité bon marché, rappellent-ils. Les techniques d’analyse de données, d’intelligence artificielle, d’apprentissage profond ou d’apprentissage automatisé étant par essence des technologies de prédiction, c’est ce secteur qui va être bouleversé demain. Leur premier effet va être d’abaisser le coût des biens et services qui reposent sur la prédiction, que ce soit le transport, l’agriculture, la santé, la production énergétique ou le commerce notamment. Ce qui va permettre d’utiliser la prédiction dans de nouveaux secteurs et va augmenter la valeur des biens et services relatifs à ce secteur. Ainsi, la conduite, via la voiture autonome, est en train de devenir un simple problème de prédiction.
Pour les chercheurs, à mesure que l’intelligence des prédictions machiniques s’améliorera, l’habileté des prédictions humaines, elle, va diminuer, car le substitut machinique sera meilleur – comme ce fut le cas quand les machines ont amélioré leurs capacités de calcul. Par contre, c’est une autre compétence humaine complémentaire qui prendra de la valeur : celle du jugement. Si la prédiction devient peu coûteuse, le diagnostic plus fréquent, la question de la décision reposera plus que jamais sur l’homme… Toute la difficulté sera donc d’éclaircir la limite entre jugement et prédiction. Ce qui implique aussi de savoir prendre de la distance par rapport aux recommandations des machines. Pour Ajay Agrawal et Joshu Gans, c’est donc dans le secteur du jugement, de l’éthique, de la décision qu’il faut désormais investir.
Finalement, leur lecture permet de mieux comprendre pourquoi les questions de loyauté, d’équité, de moral et d’éthique sont devenues si prédominantes. Le développement des capacités d’analyse par les machines renvoie directement l’homme à sa capacité à pouvoir les apprécier.